BILLET D’HUMEUR de FRANCE PARKINSON au sujet de l’article de chercheurs australiens paru en septembre dernier dans la revue Journal of Parkinson’s Disease, qui suggère que l’infection au Covid-19 pourrait augmenter les risques de développer la maladie de Parkinson.

En premier lieu, il convient de préciser qu’il ne s’agit nullement d’un article scientifique rapportant des faits issus d’expérience ou de constatation épidémiologique, mais d’un texte exprimant l’opinion de ses auteurs.
A partir des données actuellement publiées sur le tropisme du SarsCOv2 pour le système nerveux central, les auteurs émettent une hypothèse, une possibilité qui reste à démontrer. Ils proposent d’ailleurs en conclusion de suivre le devenir neurologique des patients atteints de SarsCov2, ce qui semble raisonnable.

Ce qui semble l’être beaucoup moins est la description de cas de maladie de parkinson qui se seraient déclarés en quelques jours ou semaines suite à une infection à la COVID-19. A notre connaissance à ce jour, seules trois publications scientifiques décrivent au total trois cas de personnes qui ont développé rapidement des symptômes de maladie de Parkinson après infection associés à un déficit en dopamine cérébrale. Comme nous le savons, dans la maladie de Parkinson, la perte des neurones commence des années avant l’apparition des premiers symptômes. Il reste donc impossible d’affirmer que la maladie n’était pas déjà sous-jacente chez ces patients et que les personnes n’auraient pas développé la maladie en l’absence de virus. L’infection aurait pu avoir un rôle de décompensation comme cela est parfois observé avec des maladies de Parkinson qui apparaissent rapidement après un choc physique ou psychique. Dans un cas d’ailleurs, les symptômes parkinsoniens ont disparu en même temps que les symptômes liés à l’infection COVID-19.

En tout état de cause, si l’infection au Covid-19 peut causer des troubles neurologiques à long terme, c’est une caractéristique que partagent presque tous les virus ! La plupart des infections virales engendrent une réaction inflammatoire qui à son tour peut influencer la perméabilité de la barrière hématoencéphalique et augmenter les risques cérébraux. Le virus actuel vient donc simplement s’ajouter à une longue liste de facteurs potentiels qui augmentent le risque de développer la maladie de Parkinson : infections virales en général mais également vieillissement de la population, stress, dérèglements vasculaires, mutations génétiques, toxiques environnementaux (pesticides et herbicides en particulier)…

Si l’hypothèse de ces chercheurs se révèle vraie dans quelques années, la seule attitude à adopter aujourd’hui est d’appliquer toutes les précautions qui sont actuellement prises pour limiter l’épidémie. Si elle se révèle fausse, il y aura eu du stress inutile, et le stress joue en revanche un vrai rôle délétère sur les cerveaux d’aujourd’hui…

La maladie de Parkinson est la maladie neurodégénérative qui progresse le plus au monde et pour laquelle les prévisions à horizon 2040 sont inquiétantes. Il est estimé que d’ici 2040 environ 13 millions de personnes seront atteintes de la maladie sur la planète. Nous devons nous en inquiéter indépendamment de ce que pourra causer la pandémie de COVID-19.

La véritable émergence de la maladie s’est produite avec l’ère industrielle et donc l’émergence les problèmes environnementaux. En 1817, James Parkinson en faisait la description clinique en pleine révolution industrielle en Grande-Bretagne. Et la Chine en plein boom industriel et utilisateur effréné de pesticides a de loin le taux de prévalence le plus élevé au monde aujourd’hui….

Le philosophe André Comte-Sponville déclarait récemment qu’il craignait beaucoup plus de développer une maladie neurodégénérative qu’une infection au SarsCov2. Pour une personne de son âge, le risque de maladie neurodégénérative est en effet nettement supérieur à celui de faire une forme grave de SarsCov2…!

Au total, vis-à-vis de l’infection à Covid-19, il faut continuer à faire son possible pour ne pas être contaminé et espérer avoir rapidement des traitements préventifs et curatifs efficaces. Il ne faut pas que le bruit médiatique actuel autour de cette pandémie virale fasse oublier le défi que représente la pandémie autrement plus inquiétante de la maladie de Parkinson et des autres maladies neurodégénératives aujourd’hui et demain.

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