EARLY PUMP

Une nouvelle étude se propose d’évaluer l’impact sur la qualité de vie de la pompe à apomorphine en comparaison au traitement oral conventionnel optimisé à un stade précoce de la maladie de Parkinson.

1/ Présentation

Je m’appelle Sophie Drapier, je suis neurologue dans le service de neurologie du CHU de Rennes et je travaille sur la maladie de Parkinson et les pathologies du mouvement. J’exerce une activité clinique de consultation au sein du centre expert Parkinson et je suis responsable médicale d’une unité d’hospitalisation de 30 lits dont 10 sont dédiés à la programmation de patients parkinsoniens. Ces hospitalisations sont dans un but diagnostique ou d’adaptation de traitement et notamment de mise en place ou de surveillance de traitements dits de seconde ligne tels que la stimulation cérébrale profonde, la pompe à apomorphine ou la pompe à duodopa. J’exerce également une activité de recherche clinique au sein de l’Equipe d’Accueil « Comportement et Noyaux Gris Centraux » de l’université Rennes 2.

2/ Quel est l’objet de votre recherche nommée « Early Pump » ? Quelle est la tranche d’âge habituellement cible pour la pompe à apomorphine et pourquoi s’est-elle installée sur cette catégorie ? Quelles sont les finalités de cette recherche ? Quelle est l’hypothèse que vous souhaitez tester ?

L’Apomorphine (agoniste dopaminergique imitant l’action de la dopamine) est connue pour avoir un puissant effet antiparkinsonien. Cette molécule, disponible en France depuis de nombreuses années, est très efficace lorsqu’elle est administrée par voie sous-cutanée grâce à une pompe et a pour effet de réduire les symptômes de la maladie de Parkinson et notamment les fluctuations motrices. Elle est actuellement utilisée lorsque la maladie est évoluée, c’est-à-dire après 10 à 12 ans d’évolution, lorsque les traitements oraux ne suffisent plus à équilibrer durablement l’état moteur dans la journée. A ce stade de la maladie, les patients oscillent entre des périodes de blocages et des périodes de dyskinésies, c’est-à-dire de mouvements anormaux involontaires induits par de trop fortes concentrations de traitement dopaminergique dans le cerveau. Il en résulte un impact négatif sur les activités de la vie quotidienne. L’utilisation d’une pompe à apomorphine permet d’administrer de façon plus continue le traitement dopaminergique et ainsi de réguler l’état moteur en réduisant l’intensité et la fréquence des blocages et des dyskinésies sur la journée. Une étude récente (OPTIPUMP) (1) a également démontré que l’utilisation de la pompe contribuait à améliorer de façon significative la qualité de vie des patients.
Depuis quelques années, les neurologues essaient de traiter les patients avec des techniques de stimulation dopaminergique continue, de plus en plus tôt dans l’évolution de leur maladie, juste avant que les fluctuations motrices ne deviennent trop handicapantes dans la vie quotidienne. Ainsi, il a été démontré que la stimulation cérébrale profonde du noyau sous-thalamique améliorait la qualité de vie des patients lorsqu’ils étaient opérés relativement tôt (la population de patients de l’étude EARLYSTIM avait en moyenne 7 ans d’évolution de maladie) et ce, de façon supérieure au traitement oral standard (2). Cependant, cette technique exige des critères de sélection stricts et reste tout de même invasive et définitive. De fait, elle ne concerne qu’un nombre restreint de patients.
L’objectif principal de l’étude EARLYPUMP est d’évaluer l’impact sur la qualité de vie de la pompe à apomorphine (traitement réversible et moins invasif que la stimulation cérébrale profonde) en comparaison au traitement oral conventionnel optimisé à un stade précoce de la maladie de Parkinson. Les objectifs secondaires sont d’évaluer l’impact sur les symptômes moteurs et non moteurs de la maladie ainsi que sur le fonctionnement social et professionnel des patients. Pour cela, nous comparons deux groupes de patients dont les caractéristiques démographiques et d’évolution de la maladie sont identiques. Un groupe reçoit le traitement oral dopaminergique habituel optimisé par le neurologue, appelé groupe contrôle, et un autre groupe est traité par pompe à Apomorphine. Le groupe de traitement est déterminé par randomisation c’est-à-dire tirage au sort.

3/ Quels sont les critères d’inclusion pour cette recherche ?

Pour participer à cette étude, il faut avoir moins de 65 ans, une maladie de parkinson qui évolue depuis au moins 4 ans et des fluctuations motrices et/ou des dyskinésies d’apparition récente c’est-à-dire depuis moins de 3 ans et qui impactent négativement la qualité de vie. Il est prévu que 148 patients participent à cette étude qui se déroule dans 21 centres hospitaliers français, tous experts de la maladie de Parkinson. Parmi ces 148 patients, la moitié recevra le traitement oral habituel et l’autre moitié sera traitée par la pompe à Apomorphine. La durée de participation à cette étude est de 12 mois pour chaque patient. Au-delà de ces 12 mois, le patient et son neurologue pourront décider de changer de traitement si cela est nécessaire ou désiré. Par exemple, un patient sous pompe souhaitant se faire opérer pourra bénéficier d’une stimulation cérébrale profonde ou un patient suivi dans le groupe contrôle (traitement oral) pourra se voir poser une pompe à apomorphine.

4/ Comment un malade peut-il se proposer au sein de ces essais ?
A ce jour 21 centres hospitaliers participent à cette étude et 43 patients ont déjà été inclus.
Les centres référents et le nom de l’investigateur principal de chaque centre sont par ordre alphabétique les suivants :

1. AMIENS : Pr Pierre Krystkowiak
2. BAYONNE : Dr Stéphanie Bannier
3. BORDEAUX : Pr Wassilios Meissner
4. CAEN : Pr Gilles Defer
5. CLERMONT-FERRAND : Pr Franck Durif
6. LILLE : Pr Luc Defebvre
7. LYON : Dr Chloe Laurencin
8. MARSEILLE : Pr Alexandre Eusebio
9. MONTPELLIER CHU : Dr Victoria Gonzales
10. MONTPELLIER CLINIQUE BEAU SOLEIL : Dr Valérie Cochen de Cock
11. MULHOUSE : Dr Sylvie Courtois
12. NANCY : Dr Solene Frismand
13. NANTES : Dr Tiphaine Rouaud
14. NICE : Dr Caroline Giordana
15. NIMES : Dr Giovanni Castelnovo
16. PARIS Salpétrière : Pr Emmanuel Flamand-Roze
17. POITIERS : Dr Isabelle Benatru
18. RENNES : Dr SophieDrapier
19. SAINT-ETIENNE : Dr Domitille Dilly
20. STRASBOURG : Pr Mathieu Anheim
21. TOULOUSE : Dr Christine Brefel-Courbon

Si vous souhaitez participer à EARLYPUMP et si vous pensez remplir les critères d’inclusion, parlez-en à votre neurologue qui pourra vous adresser à l’équipe référente la plus proche de chez vous.

1. Drapier et al, Quality of life in Parkinson’s disease improved by apomorphine pump: the OPTIPUMP cohort study. 263(6):1111-9 , J Neurol. 2016

2. Schuepbach, Neurostimulation for Parkinson’s Disease with Early Motor Complications 368:610-22. N Engl J Med 2013

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